Lamier blanc

Lamier blanc = Lamium album // Lamiacées = Lamiaceae

Noms vernaculaires: ortie blanche, ortie morte

«Couverte de poussière à l’orée des chemins, l’ortie blanche fleurit par tous les temps, bravant le soleil et le gel, de haute lutte mais sans faillir. Le jour du jugement dernier, sourde au son des trompettes, Dieu lui enverra un messager qui la cueillera et la portera au septième ciel pour lui faire entendre le chant des anges».

Difficile de trouver plus évocateur que cette description du lamier blanc par l’écrivain autrichien Karl Heinrich Waggerl (1897–1973).

Le nom de «binensug» (nectar d’abeilles) donné à cette plante par Ste Hildegarde de Bingen (1098–1179) ferait oublier que ses fleurs font plutôt le bonheur des bourdons et des papillons.

Le botaniste et herboriste anglais Gerard (1545–1612) recommandait à toutes et à tous, malades ou non, de boire régulièrement de la tisane de lamier blanc pour «égayer le cœur et stimuler l’esprit».

Les anciens traités d’herboristerie – les «herbiers médiévaux» – sont bien plus que des objets de collection: ce sont aussi des documents très précieux des usages herboristes de leur époque. Il est fascinant de découvrir tout ce que leurs auteurs savaient déjà et le trésor de connaissances dans lesquelles ils ont puisé pour rédiger leurs ouvrages. On y retrouve un peu partout d’étonnantes références à des variétés d’herbes condimentaires, de petits fruits et de légumes qui ont gardé toute leur importance dans le monde trépidant où nous vivons.

Bien qu’ils ne soient pas apparentés, le lamier blanc et l’ortie se ressemblent. Leur port est broussailleux et leurs feuilles sont opposées, en forme de cœur et dentées sur les bords; par contre, le lamier blanc n’a pas les poils urticants de l’ortie. Le nom de genre Lamium est dérivé du grec lamos (pharynx, bouche) en référence à la forme de la fleur qui ressemble à une bouche béante.

Le lamier blanc est une plante fort peu exigeante. On le multiplie par semis ou par division de vieilles touffes. Il fleurit de mi-avril jusqu’au milieu de l’été, et parfois même jusqu’en automne. Les fleurs d’un blanc pur sont disposées en verticilles.

Le lamier blanc est une plante sauvage qui n’est pas à proprement parler ornementale. On la trouve dans toute l’Europe sur des bords de chemins ensoleillés à mi-ombrés, dans des haies, des lisières de forêts et des prés modérément humides.

Les parties de l’herbe contenant les principes actifs sont les fleurs, les sommités fleuries et les feuilles. Les propriétés médicales décrites dans la littérature sont les suivantes: dépuratives, coagulantes, cicatrisantes et anti-inflammatoires. La plante soulage aussi les troubles menstruels. Le pasteur herboriste Johann Künzle recommandait de «cueillir les feuilles et les inflorescences de lamier blanc et de bien les laisser sécher au soleil» pour l’hiver.

Les parties herbacées fraîches ou séchées – à faire bouillir 10 à 15 minutes – sont utilisées en tisane pour soulager les troubles gastro-intestinaux et les catarrhes des voies respiratoires hautes.

Le lamier blanc est hélas tombé un peu dans l’oubli et il est conseillé de se renseigner auprès d’un droguiste ou d’un naturopathe qualifié pour les possibilités d’utilisation de cette herbe médicinale.

Les jeunes feuilles et les pousses sont riches en vitamines et servent à préparer de délicieuses salades au printemps, seules ou mélangées à d’autres salades en feuilles. Nous vous conseillons une vinaigrette légèrement sucrée, par exemple à base de miel de bourgeons de sapin.

Les jeunes feuilles peuvent aussi être consommées en légume avec des épinards et des orties, ou blanchies et mélangées à des tranches de pomme de terre et saupoudrées de fromage râpé, par exemple pour un gratin de pommes de terre et de légumes. Ce gratin peut se préparer d’avance et se garde quelques jours au réfrigérateur. Le lamier blanc condimente aussi délicieusement les potages.

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